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dimanche 3 janvier 2021

11h14 - Glendon Swarthout - Un style unique

On pourrait résumer le style de ce roman atypique en une citation (la vulgarité en moins) que l'on trouve au milieu du récit  : "Les cow-boys sont la preuve vivante que les Indiens enculaient les bisons". Avouez-le, vous avez au moins souri à la lecture de ces quelques mots quelque peu décalés que le héros Jimmie, écrivain pour enfants de son état, découvre en arrivant dans la petite ville de Harding où il est venu enquêter sur la disparition récente du dernier amant de son ex-femme !

 

Cela dit, 11h14 est une œuvre bien plus ambitieuse que cette brève introduction pourrait le laisser paraître. C'est un savant mélange de western, d'enquête policière, de satire sociale, le tout parsemé de bons mots qu'on aimerait mémoriser afin de pouvoir les utiliser soi-même. Je n'ai malheureusement ni le talent ni le style de l'auteur…

 

Rien de prédestinait donc Jimmie à enquêter sur une étrange disparition. Se faire tirer dessus par des trafiquants américano-mexicains sans trop comprendre pourquoi, ce n'est vraiment pas son truc. Dandy new-yorkais vêtu d'un costume élégant et chérissant une vieille Rolls-Royce, il préfère écrire les aventures de Frisby, une mouche qui voyage de pays en pays à la découverte du monde. C'était sans compter sur Tyler son ex-femme qui le convainc de partir enquêter au Nouveau-Mexique sur la mort de son dernier favori. Elle est convaincue que cet événement est lié à sa tragique histoire familiale.

 


Glendon Swarthout nous tient en haleine grâce à deux récits parallèles : la vie tumultueuse des grands-parents de Tyler d'un côté à l'époque ou l'Amérique profonde s'apprêtait à tourner la page de la justice expéditive pratiquée au Far West, la recherche de la vérité que notre héros au courage très aléatoire, mais au sens de la répartie indéniable de l'autre. On navigue entre deux époques. Un monde s'écroule en 1910 emportant avec lui ceux qui en faisaient la gloire et l'écho de sa chute se répercute jusqu'au vingtième siècle au travers de la famille de Tyler. Marier avec autant de brio une saga familiale, une fusillade mythique digne des plus grands westerns et une enquête policière nécessite un grand talent. L'auteur a su trouver un délicat équilibre entre drame et humour, grâce notamment à cette galerie de personnages hauts en couleur que le lecteur découvre au fil des pages.

 

11h14 est donc un roman dépaysant que je recommande chaleureusement ! Je prends même le parie que vous inviterez vos amis à le lire aussi…

 

Les plus : Un style décalé incomparable, le mariage improbable entre différents styles de livre, des personnages

 

Les moins : Quelques passages qui réservent ce roman aux plus grands

 

Ma note : 9/10

 

Pour Adultes

 

Contrôle Parental :

Sexe et nudité : #

Violence et sang : #

Langage et caractère offensant : #

Alcool et drogue : #

Effrayant et scènes intenses : #

 

Achetez 11h14 surAmazon.fr

ISBN : 978-2-35178-573-7

Editions Gallmeister

samedi 2 janvier 2021

Blake et Mortimer : le Cri du Moloch - Une suite de trop ?

 

Ce vingt-septième album de Blake et Mortimer fait suite à L'Onde Septimus et clôt ainsi une trilogie dont la mythique Marque jaune de Jacobs avait sans le savoir marqué le commencement. Notons que Cailleaux remplace au dessin Antoine Aubin qui avait été désagréablement surpris par les méthodes du scénariste Jean Dufaux. Dans ce nouvel opus on apprend l'existence d'un deuxième vaisseau extra-terrestre Orpheus enfoui dans Londres, dont l'occupant encore en vie (nom de code : Moloch) parvient à s'évader malgré les efforts de l'armée et des scientifiques déconcertés. Les précédentes mésaventures d'Olrik avec un alien similaire venu de l'espace (mésaventures qui lui ont fait perdre la raison et sombrer dans une prostration ponctuée d'une étrange litanie) font de lui la clé pour arrêter cet alien déconcertant qui veut faire coloniser la Terre par les siens et peut changer d'apparence.

Cela fait quelques années que les successeurs d'E.P. Jacobs repartent à l'époque des jeunes années des deux protagonistes et explorent les interstices chronologiques des premiers tomes. Le pari osé mais magnifiquement réussi du Bâton de Plutarque se déroulait entièrement avant le mythique premier tome, Le Secret de l'Espadon, tandis que plus récemment La Vallée des Immortels démarrait en embrayant justement sur la dernière scène des espadons. En scénarisant L'Onde Septimus avec aux planches Antoine Aubin, dessinateur rompu de Blake et Mortimer, Jean Dufaux prévoyait déjà une aventure en deux tomes qui explorerait l'enfance et l'origine d'Olrik, lui redonnerait sa sombre aura et une personnalité plus approfondie que sa présence systématique tout au long de la série avait pu affadir. Si suite (grâce ?) à la volonté de l'éditeur on n'en apprit finalement pas plus sur le père de l'antagoniste, le deuxième objectif avait été mené avec bonheur dans L'Onde Septimus. Par précaution, cet opus avait connu de multiples recoupes jusqu'à avoir une fin autonome (Olrik et Blake font tout sauter : la menace est anéantie même si on n'a pas forcément tout compris). Et de fait cette séquelle de la Marque jaune, assez inattendue (je veux bien croire que bien des fans n'aient pas apprécié cette nouvelle orientation), m'avait beaucoup plu. D'une part parce que ce n'était pas une "suite" de la Marque jaune au sens où elle aurait repris les mêmes enjeux et mécanismes comme on continue une même guerre avec la bataille suivante. Septimus avait bel et bien disparu sinon comme projection dans l'esprit enfiévré du colonel, et c'était une entité étrange, Orpheus, un scaphandre enfermée dans un tube de verre quelque part dans une épave éboulée sous Londres, qui en utilisant l'onde Méga de Septimus avait mis pied dans notre monde et perturbait les expériences de Mortimer sur les travaux du savant fou comme ceux des nouveaux adversaires qui tentaient de ressusciter la Marque jaune. Les visions et les troubles étaient bien dosés, et la part de mystère et d'inachevé donnait tout son sel à l'album : le lecteur à la fin n'est pas sûr en reposant la bande dessinée d'avoir tout compris de cette créature désespérée et si dangereuse qui répète toujours ce même mot à travers son impénétrable scaphandre : "Asile !" Le ton de mystère, la nouveauté scénaristique qui évite la suite répétitive, et l'exploration plus sombre et plus intime d'un Olrik miné par ses fantasmes et par les drogues qu'il prend pour s'en sortir, tout cela pouvait ou plaire ou fâcher. Cela m'avait plus.


D'emblée précisons-le : je suis déçu par Le Cri du Moloch. Certes cette suite clôt les interrogations et comble les trous de L'Onde Septimus. Oui il y a de bonnes idées. Bien sûr que la lecture est agréable comme toujours (ou presque) avec les successeurs d'E.P. Jacobs. Sur le plan du dessin, le "Moloch" évite esthétiquement les pièges et dangers du kitsch ou du trop-flou qu'on peut redouter quand le scénario met en scène un extra-terrestre. Le mode opératoire de la créature a son charme : elle doit tracer des signes et des hiéroglyphes mystérieux sur les murs pour préparer la venue des siens, mais est tenue en échec parce que l'un des mots qu'elle doit écrire a été dérobée de son esprit par Olrik lorsqu'elle était en contact avec la Marque jaune via l'onde Septimus. Et soulignons que le décor ambient reste agréable sous la plume de Cailleaux. De nouvelles idées font tout à fait tenir l'ensemble et donnent sa spécificité à l'intrigue au milieu de la longue collection des Blake et Mortimer.

Mais finalement la sauce ne prend pas. Là où L'Onde Septimus faisait un agréable retour tout en prenant une tournure nouvelle et incertaine, ce dernier opus donne plus l'impression de venir finir de racler les filons du précédent. Il achève toute les voies et répond aux questions, mais ce faisant le goût de mystère et de fantastique s'envole ; là où la dernière planche de L'Onde Septimus me laissait sans voix comme la meilleure des non-fins, toute cette longue rationalisation-explication de mon émerveillement se résume à une course à l'alien dans Londres avec des péripéties troubles publics déjà utilisés dans les tomes précédents. Miss Lilly Sing fait une brève apparition désabusée qui n'évoque plus la tentatrice asiatique dangereuse qu'Antoine Aubin avait su faire naître. Les personnages d'Evangely et de Lady Rowana sont bien diminués : pantins fatigués, ils ne semblent figurer au casting que pour que le scénariste nous précise leur sort laissé inconnu à la fin de L'Onde Septimus. L'idée de faire d'Olrik l'anti-héros marqué à jamais par la fatalité d'être la Marque jaune, qui au final se sacrifie, apparaissait déjà (et à mon sens de manière bien plus poignante) dans le tome précédent. Bien sûr il y a de la nouveauté (que je n'évoquerai pas trop pour ne gâcher à personne le plaisir de la lecture), mais ces éléments nouveaux appuient mal l'intrigue un peu essoufflée derrière laquelle le tome précédent apparaît en diminué. Sans doute aurais-je eu un avis bien plus positif en jugeant l'album indépendamment du précédent, et un lecteur occasionnel de la série dira sans doute qu'il a passé un bon moment. Mais Le Cri du Moloch est bien la suite en suspens et finalement accordée par l'éditeur d'un dyptique qui avait gagné à subir une ellipse forcée : le nœud du tout départ se résume vraiment à "en fait il y avait un deuxième vaisseau Orpheus", le côté relance commerciale l'emporte sur la tendance de vraie "partie 2".

(Enfin, le changement de dessinateur n'a pas été heureux, à mon sens. Il ne s'agit que de mes goûts personnels en matière de style de dessin, mais il a peut-être eu tendance à accroître mon sentiment de déception par rapport au tome précédent.)


Tout ça pour quoi ? Mon avis tout personnel sur Le Cri du Moloch est vous l'aurez compris assez mitigé. La lecture elle-même était agréable comme toujours avec cette série ; j'ai passé un bon moment en parcourant les dessins et les péripéties l'une après l'autre jusqu'à la fin de l'histoire. Mais je n'ai pas le sentiment que cet épisode apporte une nouvelle pierre significative à l'univers de Blake et Mortimer ou au fond de la série, et je pense que d'avoir connu le fin mot de l'intrigue Orpheus je relirais maintenant avec moins de plaisir L'Onde Septimus, volume qui n'avait déjà pas forcément fait l'unanimité parmi les fans. Peut-on de là aller jusqu'à dire que cette re-suite était de trop ?

Elle le fut pour moi.




Les plus : un graphisme toujours sympathique, un Moloch graphiquement réussi, un scénario qui apporte de la nouveauté à la série (et pour ceux que ça intéresse, Elizabeth II encore toute jeune fait un court caméo).

Les moins : des personnages moins attachants et moins profonds, l'essoufflement du filon Marque jaune, une conclusion-explication un peu simple autour d'envahisseurs de l'espace à tout le mystère des deux épisodes précédents, et enfin le sentiment de relance forcée alors que ce nouvel album se prétend être la deuxième moitié d'un couple.

Ma note : 5/10
À partir de 12 ans


Contrôle Parental :

Sexe et nudité : #
Violence et sang : #
Langage et caractère offensant : #
Alcool et drogue : #
Effrayant et scènes intenses : #


ISBN : 978-2870972922
Editions Blake et Mortimer

Le Club des métiers bizarres, G.K. Chesterton - Bizarre, bizarre...

Gilbert Keith Chesterton est un prolifique penseur britannique d'inspiration chrétienne du début du XXème siècle. Il a écrit dans une multitude de domaines ; poésie, romans policiers et journalisme suffisent largement à combler son tableau de chasse.

Avec Le club des métiers bizarres, il nous offre une série de six courts récits étranges et décalés. Dans chacun d'entre eux, le narrateur et son ami le juge Basil font diverses rencontres qui les amène à observer des situations "bizarres" ou loufoques mais toujours cocasses : une captive séquestrée qui refuse d'être libérée, un linguiste qui ne pipe plus un mot et ne s'exprime que via un étrange madison pédestre, des locateurs d'arbres, etc. Chaque récit fait intervenir à la fin une explication (presque) rationnelle au nœud loufoque qui constitue le récit et introduit chaque fois un membre de ce "club des métiers bizarres", que le narrateur ne découvre au complet qu'au terme du recueil.

L'idée de départ, en dehors des petites mésaventures racontées avec le style truculent que l'on connaît à l'auteur, est ce "club" dont les critères d'admission sont d'exercer une profession (entendez : une activité qui fournit un revenu) que jamais personne d'autre n'ait approchée de près ou de loin puis réussir à en vivre sans appoint. Et après 40 000 ans d'activité humaine sur cette terre, il faut bien l'imagination délirante de Chesterton pour imaginer des activités encore vierges (et dont on puisse tirer une bonne histoire !) à mettre en scène. Et de fait, le pari est relevé avec brio, les six récits se lisent avec agrément, le style est élégant mais sobre, plein de la retenue affectée à l'origine de l'humour pince-sans-rire britannique dont Chesterton fait usage correct. Il faut aussi tenir compte des nombreuses réflexions qui émaillent le texte et renforcent son humour, son intérêt, voire sa profondeur, sur divers tendances du monde moderne, de certains individus, ou de la société anglaise, et qui ont considérablement accru le plaisir que j'ai eu à lire Le Club des métiers bizarres.

S'il ravira certains, le livre ne satisfera probablement pas tout le monde. À noter peut-être : le ton du narrateur, les inégalités, parfois, entre les différents "métiers bizarres" en terme de qualité et de comique, et le nombre des six récits qui pourra ou laisser le lecteur sur sa faim ou lasser son intérêt pour ce concept original. En effet, les histoires peuvent sembler un peu décousues et n'aboutir qu'à un dénouement "global" décevant pour certains  il s'agit de plusieurs récits autonomes sinon indépendants et non d'un roman  à l'inverse ceux qui comme moi seront tombés sous le charme de ces cocasses mésaventures seront déçus que la conclusion du livre l'achève sur le tableau peut-être un peu maigre de six "métiers bizarres" : on a le sentiment qu'il y aurait d'autres potentialités loufoques dans d'autres directions encore.

Cela dit, j'ai beaucoup apprécié le livre, qui reste pour moi un inclassable classique de ce genre d'humour comme de Chesterton, et qu'on relira avec plaisir.


Les plus : Une idée de départ intrigante et originale, bien exploitée, une ambiance bizarre et loufoque pour qui aime ce genre d'humour, un ton agréable qui se veut par derrière délicieusement ironique pour un texte qui ne s'éloigne pas trop du style Sherlock Holmes et enfin un volume de pages pas trop épais… Une lecture de vacances.

Les moins : un nombre d'intrigues qui semblera insatisfaisant à certains, un risque de fatigue pendant la lecture, des récits peut-être inégalement intéressants. Un livre qui rend fan ou laisse un peu tiède. (Je suis du côté des fans.)




Ma note : 7/10

Pour adolescents comme adultes
 

Contrôle Parental :

Sexe et nudité : #
Violence et sang : #
Langage et caractère offensant : #
Alcool et drogue : #
Effrayant et scènes intenses : #

ISBN : 978-2070768059
Gallimard


La menace Blackstone - Sylvain Pavlowski - Frustré...

Attiré par les bonnes critiques, j'ai profité d'une Offre Eclair Kindle pour acheter La Menace Blackstone.

Le scénario est intéressant : conscient que contrôler les flux financiers et maîtriser l'informationpermettra de diriger le monde, un groupuscule décide de prendre le pouvoir grâce à ces deux leviers. Il est difficile d'en dire plus sans dévoiler l'essentiel de l'intrigue de ce thriller efficace. Vous découvrirez au fil des pages les rouages de cette machination qui s'appuient la crise socio-économique que traversent les grandes puissances aujourd'hui. C'est dans ce contexte que se croiseront les chemins de Pauline Rougier, commandant de l'Antiterrorisme chargé de l'enquête sur un violent attentat qui a ensanglanté Paris entre les deux tours des élections présidentielles, de Jack Campell, journaliste au New York Times et de Thomas Delvaux informaticien de génie fondateur d'une société qui analyse les mouvements boursiers pour les grandes banques mondiales.

Je suis pourtant resté sur ma faim. En effet, la plupart des éléments de l'intrigue sont survolés alors qu'ils auraient mérité d'être d'avantage creusé pour donner plus de consistance à l'intrigue. Du coup, l'auteur tombe parfois dans la caricature malgré d'excellentes idées : le problème de l'islam politique est réduit à la volonté de redonner de l'espoir aux banlieues, l'échiquier politique français se limite au clivage "progressistes" contre extrême droite, les complotistes aux moyens informatiques illimités laissent des portes béantes aux hackers alors que les outils permettant d'échanger des informations de manière totalement confidentielle sont aujourd'hui accessibles à tous, sans parler de la simplicité et de la rapidité avec laquelle l'un des personnages principaux se glisse après deux ou trois verres dans le lit d'un autre malgré une vie amoureuse volontairement réduite à néant depuis plusieurs mois. Ce ne sont là que quelques exemples qui illustrent la frustration que j'ai ressentie à la lecture de certains passages. La matière est là, j'aurais aimé qu'elle soit mieux exploitée. C'est d'autant plus dommage que les caractéristiques d'un thriller réussi sont là : un rythme élevé, une histoire utilisant intelligemment le contexte politique actuel, des personnages variés plutôt réussis et un compte à rebours qui fait monter la pression jusqu'au dénouement…

Habituellement, je trouve que les écrivains "s'écoutent parler" (pas mieux) et pourraient (ou devraient) abréger ou synthétiser leurs écrits pour éviter l'ennui dans lequel ils nous plongent parfois. Concernant La Menace Blackstone, j'ai le sentiment inverse : je regrette que Sylvain Pavlowski n'ai pas plus développé certains éléments de son scénario. C'est son premier roman, peut-être ces défauts sont-ils corrigés dans les suivants ? Ne les ayant pas lus, je laisse le lecteur le découvrir.

 

Les plus : Le contexte social actuel habilement utilisé, un scénario qui tient la route, des personnage variés, aucune lenteur

Les moins : Le rythme élevé se fait au détriment de l'intrigue parfois trop simplifiée, un contexte politico-socio-économique très "politiquement correct" (j'ose ;-))

Ma note : 6/10
Pour Adultes et Grands adolescents

 

Contrôle Parental :
Sexe et nudité : #
Violence et sang : #
Caractère profane : #
Alcool et drogue : #
Effrayant et scènes intenses : #
 

Acheter La Menace Blackstone sur Amazon.fr

ISBN : 978-1521215678

Editeur indépendant