Une centaine de personnes ayant fui une grippe qui ravage l’Europe se retrouvent naufragés sur une île déserte. Quel que soit leur passé, ils vont apprendre à vivre ensemble et à s’adapter à leur nouvel environnement d’autant plus facilement que cette terre au milieu de l’océan est accueillante : il suffit de tendre la main pour y trouver eau douce et nourriture. Cette mécanique va pourtant se gripper tandis que l’espoir d’une arrivée rapide des secours s’évanouit peu à peu. Des tensions naissent alors entre ceux qui voient l’île comme l’occasion de créer une autre vie loin de la grippe qui ravage l’Europe et ceux qui souhaitent la quitter au plus vite. L’animosité entre les deux groupes ne va cesser de s’amplifier avec des conséquences dramatiques…
L’intrigue
est intéressante et se démarque des classiques scénarios de survie : il ne
s’agit pas de la lutte d’hommes et de femmes contre une nature hostile qu’ils
essaient de fuir, mais du conflit entre ceux qui imaginent pouvoir construire
une nouvelle société en repartant de zéro et ceux qui espèrent retrouver
rapidement leur pays d'origine. Ceux-ci sont alors perçus comme un danger, car
ils risquent de révéler au monde ce sanctuaire, embryon d’un monde différent.
Le lecteur va donc assister à l’inconsciente descente aux enfers de ces
naufragés que la folie ou le rêve délirant de certains va conduire à commettre
les pires atrocités au nom du progrès.
Après avoir tourné la dernière page de ce livre, j’ai un sentiment partagé. D’un côté, je n’ai pas été conquis par le style, notamment les « flashbacks » pas toujours identifiables ou les incises d’un inconnu qui intervient brièvement de temps à autre sans que cela n’apporte rien au récit si ce n’est de la confusion. De l’autre côté, j’ai souvent voulu connaître l’issue du drame qui se jouait sur ce confetti perdu au milieu de l’océan et j’ai donc prolongé ma lecture. Avec le recul, je pense qu’il manque à l'histoire une dimension importante, la dimension verticale, spirituelle oserais-je dire. Les personnages, si nombreux qu’on s’y perd un peu dans les premiers chapitres, manquent d’épaisseur, de caractères, de complexité. Les drames s’enchaînent trop simplement, trop logiquement en raison du manque d’humanité des acteurs de cette tragédie. La barbarie prend vite le pas sur la dignité humaine au sein des survivants. On pense alors aux limites des slogans ambiguës comme « La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres » ou à cette citation de Karl Marx : « Toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d’abord le pouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général ». D’une certaine manière, on voit au fil des pages se créer un micro-État soviétique et apparaître la cohorte d’atrocités qui l’accompagne. Au fil des changements des règles du « vivre ensemble » sur l’île, la conscience de ses habitants va se déliter et la situation ne va cesser que de dégénérer. Je ne dirai rien du dénouement si ce n’est qu’il est tristement réaliste et interroge sur l’état de notre société. C’est en cela que ce livre est dérangeant.
Je reste donc sur ma faim. Xavier Molia a pris un risque en s’attaquant à un thème rendu célèbre par Sa Majesté des Mouches de William Golding. Son approche originale du sujet aurait pu lui permettre de se démarquer, mais son récit est trop linéaire et ses personnages manquent de profondeur et de complexité pour apporter ce supplément d’âme…
Les plus : Une approche originale du thème des survivants, un réalisme dérangeant, une barbarie humaine plus évoquée que décrite, …
Les moins : Des personnages trop superficiel, un manque de profondeur dans le récit
Ma note : 6/10
Pour Adultes
Contrôle Parental :
Sexe et nudité : #
Violence et sang : #
Langage et caractère offensant : #
Alcool et drogue : #
Effrayant et scènes intenses : #
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ISBN : 978-2021460070
Editions Le Seuil