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samedi 17 décembre 2011

Le Hold-up des Silencieux – Stephan Ghreener – Pas convaincant

Un bon titre ne suffit malheureusement pas à faire un bon livre.  J’ai mis trois mois à lire ce thriller financier. Certes, j’ai trouvé ces dernières semaines assez peu de temps pour lire mais s’il s’était agi d’un bon roman, je pense que j’aurais certainement trouvé la motivation nécessaire pour en lire quelques pages plus souvent.

Joshua Gallagher est chargé d’enquêter sur les raisons de l’effondrement du cours de bourse d’une entreprise de publicité et sur les étranges « ramassages »  constatés sur les marchés.  Malversations, manipulations, prises de contrôles, les trois à la fois ? Le héros devra faire face à de délicates situations avant de découvrir la vérité.

J’attendais mieux de ce Hold-up des Silencieux. Le scénario, tout comme le style de l’écriture, est finalement assez banal. Le côté « financier » du livre n’est pas suffisamment développé. C’est pourtant ce qui devait apporter une touche d’originalité au roman.  L’auteur passe donc selon moi à côté de sa cible. L’histoire se déroule sur un faux rythme et même si le récit ne souffre pas de temps morts, je n’ai pas accroché. De plus, la personnalité des personnages est peu creusée et on ne s’attache vraiment pas au héro. Il manque ce petit quelque chose qui insuffle une âme à un thriller. Je suis donc resté sur ma faim. Est-ce parce que je l’ai lu de manière décousu, est-ce à cause des raisons évoquées ci-dessus ? Si vous avez eu le livre entre les mains, dites-moi ce que vous en pensez…

Le plus : La volonté d’avoir un scénario qui sort des sentiers battus. Un livre sans grande violence, presque tout public.
Les moins : Un récit qui ne trouve jamais son rythme, des personnages peu fouillés.

Ma note : 2.5/5
A partir de 15 ans.

Le Hold-up des Silencieux
Stephan Ghreener
Fleuve Noir
ISBN : 978-2265089372

mardi 13 décembre 2011

Alter Ego - Park, Noah & Jonas – P-P Renders et D. Lapière - Vivement la fin !

J’avais été conquis par les premiers volumes de la série Alter Ego. L’idée ayant servi à la construction du scénario était en effet très originale : 6 volumes se déroulant en parallèle avec des personnages aux destins croisés.

Je me devais d’écrire quelques lignes sur les derniers tomes parus car ils m’ont un peu déçu. Le scénario tient toujours aussi bien la route mais, après six volumes, il est temps de clôturer l’histoire et de révéler enfin la clé qui permettra de comprendre le puzzle. Ce devrait être fait avec le tome 7 qui sera publié au début de l’année prochaine.

Comme vous le savez, j’essaye aussi, au travers de mes chroniques, de préciser à quel public s’adresse les livres et les bandes dessinées que j’ai entre les mains. J’aurais aimé pouvoir dire que cette série était tout public car le scénario l’aurait permis. Malheureusement certaines situations et l’attitude « hot » de certains personnages ne me le permettent pas. Une fois de plus et comme trop souvent aujourd’hui, certaines bonnes idées sont gâchées par ce qui semble parfois être une obligation : montrer des fille (et des mecs) à poil et cautionner des comportements regrettables ! Y’en a marre !

Le plus : Le scénario toujours aussi original et prenant.
Les moins : Sans frappes chirurgicales sur certaines planches, vous ne laisserez sans doute pas cette série entre les mains de vos enfants…

Ma note : 3/5 mais aurait pu obtenir 4/5...
A partir de 16 ans (pour les raisons évoquées ci-dessus)

Alter Ego - Fouad
Pierre-Paul Renders et Denis Lapière
Dupuis
ISBN : 978-2800148809, 978-2800148779  & 978-2800148793

dimanche 11 décembre 2011

XIII - Le Jour du Mayflower – I. Jigounov & Y. Sente – Si c'était le tome 1...

Le jour du Mayflower était l'une des bandes dessinées les plus attendues de l'année. Après les 13 premiers tomes qui avait fait de XIII une série culte, les volumes suivants avaient fortement déçu les fans. Le scénario s'essoufflait et le héros semblait sous perfusion...Ce 20ème tome était donc très attendu...

J'ai été un peu déçu. Le dessin de I. Jigounov est d'excellente qualité et respecte l'esprit de la série mais le scénario n'est pas à la hauteur. Le jour du Mayflower aurait fait un excellent tome 1, il fait un décevant tome 20. On retrouve tous les ingrédients des premiers volumes : XIII est toujours amnésique, il semble de nouveau mêlé à un complot mystérieux, il est pourchassé par des tueurs et essaye de comprendre pourquoi tant de personnes se mobilisent pour l'empêcher de retrouver son passé.

Si je ne connaissais pas la série, j'aurais certainement trouvé cette bande dessinée passionnante. Pour ce qui ne connaissent pas XIII, ce 20ème tome est un excellent moyen de découvrir la série. Pour les autres, il fait espérer le renouveau de la série. Il faudrait simplement que les auteurs apportent une touche d'originalité à un scénario éculé...

Les plus : Le dessin de I. Jigounov bien adapté au récit et cohérent avec la série. Un très bon premier tome;-) Du mieux par rapport aux précédents volumes.
Les moins : Rien de très nouveau, une série qui a du mal à se renouveler...

Ma note : 3 / 5
A partir de 12 ans

XIII, Tome 20 : Le jour du Mayflower sur Amazon.com
I. Jigounov & Y. Sente
Dargaud
ISBN : 978-250501294

dimanche 20 novembre 2011

La France abîmée – Xavier Martin – La sanguinocratie expliquée


Je vous l'accorde, le titre de ma chronique ne reflète que partiellement le contenu de l'ouvrage passionnant dont je vais vous parler. La France abîmée est un livre beaucoup profond que mon titre et aborde un sujet plus vaste que la simple violence « physique », cette tristement célèbre terreur, dont ont été victimes certains de nos concitoyens lors de la révolution française.

L'ouvrage de Xavier Martin, professeur émérite des Facultés de Droit et historien, ne fait pas de bilan général de la révolution, il aborde un sujet beaucoup plus rarement évoqué : la violence morale et psychologique subie par les Français durant cette époque troublée.

Il analyse ces blessures au travers des textes d'époque : des lettres, des extraits de discours, des écrits de philosophes, des journaux tenus par de simples citoyens, des écrits d'étrangers présents en France à cette époque-là, etc... Le résultat est saisissant : on fait un voyage à travers le temps, voyage dont on ne sort pas indemne.

Xavier Martin analyse aussi le désenchantement qui suivit les premières années d'espoir. Guittard de Floriban, un bourgeois parisien, écrit par exemple dans ses papiers au sujet de Hérault de Séchelles condamné à l’échafaud en même temps que Danton : « la philosophie l'avait jeté dans la Révolution, l'orgueil l'y avait retenu, la peur l'y avait enchaîné. » Ce sentiment fut partagé par beaucoup de ses contemporains.

En décrivant cette face cachée de la Révolution, l'auteur évoque cette éternelle question : La fin justifie-t-elle les moyens ?

Les bonnes intentions de certains révolutionnaires ne suffisent pas. On est parfois surpris par le grand écart entre les propos et les actes. Robespierre combattra ainsi la peine de mort : « Ces scènes de mort qu'elle [la Justice] ordonne avec tant d'appareil ne sont autre chose que de lâches assassinats ». Pourtant, pour lui, la fin justifie les moyens, seuls les français « dociles » sont tolérés. Il dira : « la protection sociale n'est due qu'aux citoyens paisibles ». Saint-Just sera beaucoup plus clair : « Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé. » Pour se faciliter la tâche, les révolutionnaires publieront des textes de loi adaptés à leurs besoins. Un bon exemple est celles dite des « suspects » publiée le 17 septembre 1793. Elle définit ainsi ces suspects : « ceux qui soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs écrits, s'annoncent partisans de la tyrannie et ennemis de la liberté ». Autant dire que chacun est un suspect potentiel ! La loi dite de Prairal due à Couthon et Robespierre va encore plus loin. Peuvent être considérés comme des ennemis du peuple « ceux qui cherchent à anéantir la liberté publique », « ceux qui auront cherché à inspirer le découragement pour favoriser les entreprises des tyrans ligués contre la République », « ceux qui auront cherché à égarer l'opinion et à empêcher l'instruction du peuple, à dépraver les mœurs et à corrompre la conscience publique » ainsi qu'à « altérer l'énergie et la pureté des principes révolutionnaires ». Ces lois et les exécutions arbitraires qui allaient bien souvent avec eurent pour conséquences de dresser les Français les uns contre les autres, de générer une peur permanente, de pousser chacun à s'isoler afin de se faire oublier, afin de devenir insignifiant. C'est ce climat angoissant qui régnait dans cette « France abîmée » que s'attache à nous décrire Xavier Martin.

On découvre aussi que Chateaubriand écrivit «  Dans aucun temps, dans aucun pays, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, jamais la liberté de pensée n'a été plus grande qu'en France, au temps de la monarchie. » Beaucoup de Républicains regrettèrent publiquement cet « avant ». Murat lui-même écrivit : « Sous l'ancien régime », la loi « nous laissait la défense naturelle et nous permettait la plainte ». Mirabeau écrivit regretter qu'on puisse être « proscrit pour la seule différence d'opinion ».

On lisant tous ces textes d'époque, je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec les pays de l'ancien bloc de l'est. Le parallèle est vrai pour ces lois biaisées, il l'est aussi pour cette volonté de s'attaquer à ces « talents, les lumières, la philosophie, le savoir, [qui] étaient devenu des titres de proscription et des droits à l’échafaud » (Fourcroy au Conseil des Anciens en 1976).

Xavier Martin évoque aussi les dérives de cette révolution qui, sous prétexte de « libérer » les Français, fit souvent l'inverse. Là encore, il faut laisser la parole aux républicains de l'époque. Tureau, connu pour ses « œuvres » en Vendée pensait par exemple qu'il fallait faire «  le bien du peuple, malgré le peuple ». Il fallait « le contraindre à être libre ». Saint-Just précisera qu'il fallait « ramener tout un chacun sous le joug de la liberté publique ». L'auteur de La France Abimée montre toutes les dérives engendrées par cette absence de conscience morale qui prévalait à l'époque chez les révolutionnaires, toutes les dérives engendrées par ce principe erroné qui affirme qu'est vertueux ce qui est utile.

On analyse aujourd'hui la révolution française avec le recul de l'histoire mais on oublie trop souvent qu'elle s'est faite dans le sang. Chateaubriand le regretta, lui qui dira : « il n'est point de révolution, là ou elle n'est pas opérée dans le cœur ». Le livre de Xavier Martin nous le rappelle avec talent.

Je laisserai le mot de la fin à Jean-Jacques Rousseau écrivant à Mirabeau : « je dirai comme je le crois que la paix vaut mieux que la liberté » Bien des Français on dû penser de même il y plus de deux cents ans...


Les plus : Un ouvrage historique qui se lit comme un roman ; un sujet traité avec objectivité, loin du « mythe » inattaquable de la révolution française, un vrai travail d'historien, ultra-documenté. Il donne la parole à ceux qui l'ont vécue.
Les moins : Rien

Ma note : 5/5
A partir de 16 ans.

La France abîmée
Xavier Martin
ISBN : 978-2856523124

samedi 19 novembre 2011

De retour...

N'ayant guerre eu le temps de consacrer beaucoup de temps à la lecture ou à l'écriture de chroniques ces dernières semaines, je n'ai publié aucune chronique depuis cet été...J'ai donc un peu de retard...

La rentrée étant maintenant dernière nous, voici quelques lignes sur La théorie de la lumière et de la matière d'Andrew Porter.

Devraient suivre une chronique La France Abîmée, un livre d'histoire passionnant, sur Frenchman, une splendide bande dessinée en aquarelle de Patrick Prugne et une autre sur Le Hold-Up des Silencieux, un polar financier que je lis en ce moment.

A bientôt donc !

La théorie de la lumière et de la matière – Andrew Porter – Blessures de la vie

La Théorie de la lumière et de la matière est un recueil de 10 nouvelles écrites par Andrew Porter pour différentes revues et regroupées ici dans un unique ouvrage.

L'auteur sait admirablement retranscrire les sentiments et les émotions des différents protagonistes de ces scènes de vie que l'on découvre au fil des chapitres. Ils ont tous comme point commun d'avoir été blessés par la vie. Il en découle un livre prenant qui aborde des sujets difficiles tels que les ruptures, les silences de l’adolescence, le viol, l'avortement ou encore l'homosexualité. J'ai cependant regretté que l'auteur semble cautionner la théorie du « Gender » qui considère que notre « identité sexuelle » dépend du contexte social dans lequel nous avons vécu et qu'elle ne dépend donc pas de notre « sexe biologique » (cf. la nouvelle « Postiche »). Il est bien dommage qu'une si belle plume se mette au service de cette théorie...

En dehors du point évoqué ci-dessus, j'ai vraiment beaucoup apprécié ces différentes nouvelles.  Elles sont très bien écrites et l'auteur possède un talent indiscutable pour sonder avec finesse le cœur et les sentiments de ces blessés de la vie. Je pense notamment à « La théorie de la lumière et de la matière » qui aborde le délicat sujet de la frontière entre amitié et amour et à « la tempête »,  un huis clos familiale relativement noir.

Nul suspens, nul action éclatante dans ces nouvelles. Simplement des tranches de vie, simples, souvent émouvantes mais toujours tristes. J'aurais aimé lire une onzième nouvelle qui aurait évoqué ces instants de bonheur que procure parfois la vie...Une théorie de la lumière ?

Les plus : Un livre profondément humain
Les moins : Le parti-pris sur l'homosexualité et la théorie du « Gender »...

Ma note : 3/5 même si j'aurais vraiment aimé mettre 5/5...

Les thèmes abordés réservent ce livre aux adultes.

La théorie de la lumière et de la matière
Andrew Porter
Editions de l'Olivier
ISBN : 978-2879297064

dimanche 17 juillet 2011

Dong Xoai, Vietnam 1965 – Joe Kubert– Dessins exceptionnels


Le roman graphique est un style particulier auquel peu de dessinateurs se sont essayés. Cet univers, entre deux mondes, nécessite de savoir allier un sens aigu du récit et un grand talent de dessinateur. Dans Dong Xoai, Vietnam 1965, l’auteur réussit brillamment l’exercice.

Joe Kubert est un des monstres sacrés de la bande dessinée américaine. Il a notamment participé aux comics Batman ou Tarzan même si sa création la plus célèbre reste Tor. Dans le récit qui est l’objet de cette chronique, il relate de manière légèrement romancée la bataille de Dong Xoai qui se déroula au Vietnam en 1965 et vit des conseillers américains et des troupes vietnamiennes affronter des vagues de vietminhs qui déferlaient sur leur camp retranché. Ce morceau de bravoure permet à Joe Kubert de laisser éclater son talent. La plupart des pages de ce roman sont un régal pour les yeux. Les dessins au crayon sont réellement impressionnants. On rêve d’encadrer certaines planches. Je pense notamment à celle où les parachutistes sautent sur Bu Gia Map, à celle de ces soldats montant au feu ou encore à tous ces visages qui retranscrivent admirablement les sentiments et les émotions des personnages. Ces dessins, parfois proches du croquis sont réellement exceptionnels. Vous en doutez ? Allez dans votre librairie préférée, feuilletez ce livre et je suis prêt à parier que vous repartirez avec !

Ce roman graphique est presque parfait. Presque ? Oui. J’ai en effet trouvé que le récit était un peu lent, qu’il manquait de consistance. L'impression que l’histoire s’effaçait au profit du dessin m’a parfois effleuré l’esprit. C’est mon seul regret.

Je ne peux terminer cette chronique sans évoquer le livre lui-même. Le roman graphique est complété par des photos et quelques pages relatant la véritable histoire de la bataille de Dong Xoai. Cela complète avantageusement le récit et donne à l’ouvrage un plus certain qui devient ainsi un beau livre pour votre bibliothèque.

Les plus : La qualité exceptionnelle des dessins
Les moins : Quelques lenteurs, un scénario qui s’efface parfois devant la qualité graphique

Ma note : 4,5 / 5

A partir de 14 ans.

Dong Xoai, Vietnam 1965 sur Amazon.com
Joe Kubert
Soleil Production
ISBN : 978-2302017061

samedi 9 juillet 2011

Un traître à notre goût – John le Carré – A mon goût aussi...

Lors d'un voyage en amoureux aux Caraïbes, Perry accepte de jouer une partie de tennis avec un milliardaire russe excentrique. Aurait-il dû refuser ? Il se posera souvent la question dans les mois qui suivirent...

John le Carré fait partie de ces auteurs dont on reconnaît le style dès les premières pages. Une grande simplicité qui cache une perfection certaine. Ici, vous ne découvrirez pas de rebondissement à chaque page, pas d'explosion à chaque chapitre, pas de blonde pulpeuse à admirer entre deux paragraphes...Ce n'est pas l’enchaînement rapide des scènes qui tient le lecteur en halène. C'est la richesse du scénario (pas sa complexité). C'est le caractère fouillé des personnages. C'est la qualité des dialogues. C'est le regard acerbe porté par l'auteur sur le monde d'aujourd'hui.

L'histoire semble simple, elle ne l'est pas. Le rythme semble lent et pourtant on apprécie chaque page du roman. On quitte le monde du thriller pour s'approcher de celui de la littérature.

Lisez Un traître à notre goût, vous ne le regretterez pas.

Les plus : Ce style caractéristique, le scénario efficace et moins simple qu'en apparence. Pas de violence gratuite ni de scènes légères...
Les moins : Certains trouveront le rythme un peu lent...moi je trouve que cela participe au charme de ce roman.

Ma note : 5/5

A partir de 15 ans.

Un traître à notre goût sur Amazon.com
John le Carré
ISBN : 978-2246769613

mercredi 6 juillet 2011

658 – John Verdon – Un bon numéro

Mark Mellery, ancien alcoolique ayant réussi dans les affaires, reçoit d'étranges lettres anonymes dont l'auteur semble connaître son passé beaucoup mieux qu'il ne l'aurait souhaité. Le ton se faisant plus menaçant, il sollicite David Gurney, un inspecteur du NYPD à la retraite. Ce qui semblait initialement être un jeu douteux se transforme rapidement en un dangereux compte à rebours...

Le scénario est très bien construit et m'a tenu en haleine jusqu'au bout. L'intrigue est intéressante, originale dans sa conception, plus classique dans son déroulement. J'ai lu ici ou là que certains lecteurs auraient été déçus par la solution à certaines énigmes, notamment à celle ayant trait à ce fameux nombre 658. Je dirai simplement que ce qui fait la force d'une énigme est parfois la simplicité de sa réponse.

John Verdon a su trouver un rythme équilibré pour son récit, alternant entre l'enquête policière et les sombres pensées de son héros David Gurney qui prend conscience que son travail l'éloigne peu à peu de son épouse et risque de briser son couple. Il est tiraillé entre l'amour de sa femme et l'amour de son travail et cette dualité est bien rendue. Cela donne de la profondeur au personnage.

Je ne peux terminer cette chronique sans évoquer l'auteur des lettres anonymes qui sont au cœur de ce roman. On le découvre au travers de ses écrits poétiques, de la mise en scène de ses crimes, de ses énigmes et John Verdon a su en faire un personnage très intéressant, je dirai même intrigant. Son duel avec David Gurney n'en n'est que plus passionnant.

658 est donc un très bon roman policier que vous pouvez sans hésiter emporter avec vous en vacances.

Les plus : Un scénario original qui vous tient en haleine sans pour autant avancer à un train d'enfer. Pas de violence gratuite ni de scènes légères...
Les moins : Je cherche...

Ma note : 4,5/5

A partir de 16 ans.

658
John Verdon
ISBN : 978-2246769613

samedi 18 juin 2011

Les Neufs Dragons – Michael Connelly – Harry Bosch déménage

Harry Bosch est chargé d’une affaire apparemment simple : l’assassinat d’un commerçant d’origine asiatique retrouvé dans son magasin avec trois balles dans le corps. Son enquête va le mener sur la piste des triades chinoises dont le territoire de chasse s’est depuis longtemps étendu bien au-delà de l’Asie. C’est alors que sa fille, qui vit avec sa mère à Hong-Kong, disparaît mystérieusement…

On retrouve avec plaisir Harry Bosch, l’un des héros récurent de Michael Connelly, dans ce polar relativement classique mais aussi très efficace. Est-ce pour autant un « Harry Bosch » de plus ? Pas tout à fait. Il est ici plus « humain ». Sa relation avec sa fille, habituellement un simple élément de contexte, est ici au cœur de l’histoire. Le policier cède la place au père et le personnage gagne en profondeur. Ensuite, une partie de l’intrigue se déroule à Hong Kong. Ce dépaysement apporte une touche d’originalité au récit même si j’ai trouvé que l’atmosphère si particulière de Hong-Kong, entre Orient et Occident, n’était pas suffisamment bien rendu. Michael Bosch n’égale pas dans ce domaine Barry Eisler. On se prend à rêver d’un roman qui serait écrit à quatre mains par ces deux auteurs.

Le scénario est bien construit mais reste de facture classique. Plus qu’une enquête, c’est une course contre la montre que mène Harry Bosch et le récit ne souffre d’aucun temps mort. Ceux qui auront du temps liront le livre d’une traite.

9 Dragons est donc un bon polar que vous pourrez sans risque emporter avec vous cet été…Cela dit, d’autres roman policiers ayant fait l’objet d’une chronique sur ce blog mériteront une meilleure place que lui dans votre valise.

Les plus : Le retour de Harry Bosch, la « délocalisation » d’une partie de l’intrigue à Hong-Kong, la violence « raisonnable » et l’absence de scène « olé-olé » qui est une caractéristique des romans de Michael Connelly qu’on ne peut qu’apprécier quand on fait attention aux lectures de nos enfants…
Les moins : Le scénario efficace mais trop peu original à mon goût.

Ma note : 3.5/5
A partir de 15 ans.

Les Neufs Dragons
Michaël Connelly
ISBN : 978-2020923880

dimanche 15 mai 2011

Senscritique.com, une réseau social culturel

Je vous conseille de visiter le site Senscritique.com, un réseau social culturel. L'idée est excellente et mérite de s'y intéresser. Une fois votre compte créé, vous pouvez publier des critiques, créer et partager des listes de livres ou de films, noter les œuvres, etc...

Chose intéressante, vous pouvez aussi faire des liens vers votre blog si vous y publiez vous-même des critiques.

J'ai créé un compte pour surmatabledenuit.com. Vous le trouverez ici : http://www.senscritique.com/lisezles

samedi 7 mai 2011

STROM - Tome 2 - Les portails d'outre-temps - Benoît et Emmanuelle de Saint Chamas - Top !

STROM - Tome 2  - Les portails d'outre-temps - Benoît et Emmanuelle de Saint Chamas - Top !

La lecture du premier volume des aventures de Raphaël et Raphaëlle m'avait poussé dans ma librairie préférée afin d'acheter le tome 2 : Les portails d'outre-temps. J'ai beaucoup apprécié le premier volume, j'ai été totalement conquis par le deuxième.

Benoît et Emmanuelle de Saint Chamas exploitent parfaitement les idées qui faisaient le charme du premier volet des aventures de nos héros. Le scénario, légèrement plus complexe que dans le premier volet, gagne en intérêt. Ce voyages dans le temps est réellement passionnant. Les trouvailles qui apportaient une touche d’originalité certaine et un brun d'humour au roman sont toujours bien présentes et même, pour certaines d'entre elles, approfondies. Enfin, par leur sens du service, les enfants sont toujours aussi exemplaires tout en restant ancré dans notre époque. L'amitié n'est pas un vain mot et ils noueront au fil des pages un lien particulièrement fort avec une petite fille malade et un enfant trisomique auxquels les lecteurs s'attacheront aussi. Comme dans le premier volume, nos enfants pourront s'identifier à leurs héros...et je ne peux que le souhaiter ! Je conseille cependant aux parents de lire ce roman avant leurs enfants car la nature du scénario et certains thèmes abordés pourront faire naître des questions chez leurs enfants.

Vous l'aurez compris, ce deuxième volume est encore meilleur que le premier. Les auteurs ne perdent pas de temps à (re)expliquer chacune des idées lancées dans le premier tome de STROM ou à décrire de nouveau l'histoire des différents personnages. Cela leur permet donc de creuser d'avantage chaque trouvaille et chaque personnalité et donc de les exploiter au mieux. C'est selon mois un choix extrêmement positif car le récit gagne donc en intensité...Par contre, le lecteur de pourra savourer pleinement ce roman que s'il a lu le premier volume. Qui s'en plaindra ?


Pour terminer, sachez que le troisième tome de STROM, la 37e prophétie, est annoncé pour le mois d'octobre...
6 mois ? Que c'est long !


Les plus : Un tome 2 mieux que le tome 1, un scénario très orignal, l'exemplarité de certaines situations
Les moins : Lire le tome 1 est sans doute nécessaire pour bien profiter du tome 2...mais qui s'en plaindra ?

A partir de 10 ans.

Strom, Tome 2 : Les portails d'outre-temps sur Amazon.com
Benpît et Emmanuel de Saint Chamas
Fernand Nathan
ISBN : 978-2092529683

jeudi 5 mai 2011

Alter Ego - Tome 2 - Fouad - Pierre-Paul Renders et Denis Lapière – Un concept qui fait mouche

Les séries « concept » son souvent des échecs car l'idée original de départ prend la pas sur l'efficacité du scénario ou sur la qualité des dessins. Ce n'est pas le cas pour cette nouvelle série Alter Ego dont les deux premiers tomes sont de bonne qualité.

Quel est ici le concept ? 5 tomes se déroulant en parallèle, pouvant se lire dans n'importe quel ordre, dans lesquels différents personnages se croisent et devant aboutir à une conclusion révélée dans le sixième et dernier volume.

Dans ce deuxième volet, nous suivons Fouad, jeune homme idéaliste qui va découvrir lors d'une mission humanitaire que d'étranges « traitements » médicaux sont testés sur des patients. Il ira de surprises en surprises qui feront finalement basculer son destin. Sa vie croisera sans le savoir celle de Camille que nous avions découvert dans le tome 1 et qui cherche à comprendre à quelle entreprise ou organisation appartenait sa maman, célèbre cancérologue décédée dans des conditions étranges.

Pierre-Paul Renders et Denis Lapière réussissent à concrétiser de manière particulièrement efficace le concept de ces destins croisés. Le rythme est enlevé et accroche le lecteur. On a hâte de connaître la suite. Heureusement, les 6 volumes seront publiés cette année !

J'ai trouvé le style graphique de Mathieu Reynès et Benjamin Benéteau un peu déroutant par rapport au scénario. Il est plus « fun » que réaliste et cela surprend par rapport aux thèmes de la série. Cela dit, on s'y fait finalement très bien car le dessin est de qualité.

En résumé, Alter Ego, est une série qui démarre sur d'excellentes bases et j'espère que les tomes à venir seront à la hauteur des deux premiers.

Les plus : Le concept des 6 tomes se déroulant en parallèle, pas de grande violence, pas de scènes légères (c'est rare dans les BD aujourd'hui) dans les deux tomes publiés jusqu'à présent.
Les moins : Certains thèmes abordés qui limitent cette série aux plus grands (notamment l'avortement dans le premier volume).

Ma note : 4/5
A partir de 16 ans

Alter Ego - Fouad
Pierre-Paul Renders et Denis Lapière
Dupuis
ISBN : 978-2-8001-4876-2

dimanche 1 mai 2011

Vango – Tome 1 – Timothée de Fombelle – Tout simplement indispensable !

Disons-le tout de suite, Vango est amené à devenir un grand classique de la littérature pour la jeunesse. Tout est là : un scénario passionnant, un héros qui fait rêver, des personnages secondaires intéressants, un zeste de romantisme et un contexte historique propice à tous les rebondissements.

Ma chronique pourrait s'arrêter là afin que vous puissiez filer dès maintenant chez votre libraire préféré mais je vais tout de même vous dire quelques mots de plus...

La première scène du livre se déroule sur le parvis de Notre-Dame de Paris un jour d'ordination en 1934. Elle donne le ton du livre : c'est bien écrit, cela va à 100 kilomètre/heure, on découvre Vango et dans la foule, une jeune fille mystérieuse au regard triste...

Vango est un roman d'aventure avec un grand A. Vous suivrez les différents personnages à travers toute l'Europe dans un monde qui s'effondre mais ne le sait pas encore. Notre héros, qui ignore tout de son passé, est pourchassé par la police pour un meurtre qu'il n'a pas commis mais aussi par les russes et les nazis. Il sera aidé dans sa fuite par des personnages hauts en couleur que vous découvrirez avec plaisir tout au long du récit.

Comme je l'ai dit plus haut, ce livre est très bien écrit et Timothée de Fombelle réussit à nous faire rêver d'aventure. On se prend pleinement au jeu et on suit Vango dans cette histoire extraordinaire dont on ne sort qu'une fois le livre terminé.

Vous l'aurez compris, courrez acheter ce livre passionnant !
Quoique... attendez peut-être la sortie du deuxième tome à la rentrée prochaine avant d'acheter ce premier volume car la fin pourrait fortement vous frustrer...

Les plus : Ce mélange d’aventure, cette grande variété de personnages passionnants, le tout dans un scénario ou l'imaginaire et le réel se mélangent parfaitement.
Les moins : Rien...mais alors rien du tout !

A partir de 14 ans.

Vango sur Amazon.com
Timothée de Fombelle
Gallimard Jeunesse
ISBN : 978-2070631247

STROM – Tome 1 – Le collectionneur – Benoît et Emmanuelle de Saint Chamas – Pour les grands et les petits

Les Chevaliers de l'insolite est une confrérie secrète qui enquête à travers la planète sur tous les phénomène étranges, parfois secrets, qui pourraient déstabiliser le monde dans lequel nous vivons. Ils œuvrent pour le bien de tous et sont aidés en cela par le STROM un pouvoir surprenant...Deux enfants, Raphaël et Raphaëlle, vont rejoindre cette communauté et y être formés afin de pouvoir eux aussi, un jour, devenir des Chevaliers de l'insolite.

La force de ce livre réside dans son scénario habile mélange d'idées classiques telles que le STROM qui peut être assimilé à la Force de Star Wars ou plus originales comme ces phénomènes insolites que vous découvrirez en lisant ce roman, ces personnages imaginaires que sont les craquelins ou les komolks mais encore ce célèbre Collectionneur sur lequel enquête les enfants. En dire d'avantage serait en dire trop...

Les deux héros, s'ils sont bien ancrés dans notre époque n'en sont pas moins attachant car ils sont droits, ont de vrais amis aux personnalités propres et possède un humour certain. Les enfants s'y assimileront d'autant plus facilement que les caractères de Raphaël et Raphaëlle sont réalistes.

Est-ce pour autant simplement un livre d'enfant ? L'age de lecture idéal se situe sans doute autour de dix ans mais les parents prendront beaucoup de plaisir à dévorer ce roman avant de le confier à leurs enfants !

Les plus : Un scénario bien construit qui réussit à tenir en haleine sans être stressant pour les enfants, un livre qu'on peut lire de 8 à 88 ans, l'envie de lire le tome 2...
Les moins : Rien

A partir de 8 ou 10 ans.

Strom - Tome 1 - Le collectionneur sur Amazon.com
Benoît et Emmanuelle de Saint Chamas
Fernand Nathan
ISBN : 978-2092023105

dimanche 24 avril 2011

Nico – Opération caraïbes – Berthet & Duval – Le futur du passé resurgit…

Une soucoupe volante s’est écrasée à Roswell, au nouveau Mexique, en 1947. Une autre s’est écrasée au même moment en Sibérie et cela a changé le cours de l’histoire. Telle est l’idée de départ de Nico, série dont le deuxième volume « Opération Caraïbes » est parue au mois d’octobre dernier.

L’action se déroule dans les années soixante mais le monde n’est pas celui que nous imaginons. La découverte de technologies extraterrestres a permis un progrès fulgurant à l’Ouest comme à l’Est. Fred Duval joue parfaitement avec l’uchronie et prend un certain plaisir à modifier le cours de temps, que ce soit au niveau géopolitique ou au niveau de personnages historiques tels qu’Ike Eisenhower ou Fidel Castro. Il est en cela parfaitement aidé par les dessins en ligne claire de Philippe Berthet.

L’héroïne, Nico, agent secret de la CIA, évolue dans cet environnement changeant…et changé. Elle doit faire face à des accusations de meurtre, tout en cherchant à préserver l’équilibre du monde qu’une mystérieuse organisation cherche à briser.

J’ai été séduit par ce deuxième tome, tout aussi plaisant à lire que l’était le premier Atomium-Express. Le scénario est aussi intéressant qu’original. Les dessins sont superbes et le monde retro-futuriste est très bien rendu. Bref, c’est une série bien équilibrée et on espère que la suite sera d’une égale qualité.

Vous l’aurez compris, voilà une bande dessinée rafraîchissante. Tous les ingrédients de la réussite sont là même si certains trouveront cette série trop "classique".

Les plus : L’idée de départ, les dessins en ligne claire, l’inventivité du scénario
Les moins : Cachez ce sein que je ne saurais voir…ou la vignette « légère » à supprimer pour rendre cette BD réellement tout public

Ma note : 4/5
A partir de 15 ans...après une légère "censure familiale"

Nico, tome 2 : Opération Caraïbes sur Amazon.com

Dargaud
ISBN : 978-2505009757

mercredi 20 avril 2011

Le Verdict du Plomb - Michael Connelly - Un bon cru quand même

Plusieurs personnages apparaissent de manière récurrente dans les romans de Michael Connelly. L'inspecteur Bosch est le plus connu d'entre eux mais l'avocat de la défense Mickey Haller commence à se faire une place au soleil. Il est le héros de quatre récits dont deux seulement ont été traduits en français : La Défense Lincoln et Le Verdict du Plomb.

Comme souvent chez Michael Connelly, l'intrigue est de facture classique mais efficace. Dans le présent ouvrage, Mickey Haller, qui vient à peine de sortir d’une période de dépression, « hérite » de la clientèle d’un de ses collègues qui vient de se faire assassiner. Parmi ces nouveaux dossiers se trouve une affaire extrêmement médiatique : Walter Elliott, un homme d’affaire ayant fait fortune dans le monde du cinéma, est accusé d’avoir froidement tué sa femme et son amant. Malgré les charges qui pèsent contre lui, il semble très (trop) confiant quant à l’issue du procès.

Ce Connelly est un bon cru. On retrouve avec plaisir Mickey Haller et ce thriller nous tient facilement en haleine jusqu’au bout. On pourrait cependant reprocher au scénario de basculer parfois dans la facilité : notre avocat est bien chanceux, un peu trop sans doute. La quatrième de couverture du livre précise « Tout le monde ment, Les flics. Les avocats. Les clients. Même les jurés. » C’est effectivement la trame de fond de ce roman policier et certains éléments secondaires du scénario n'ont sans doute pas été assez creusés. C’est dommage.

Le style de l’auteur est toujours aussi agréable et le rythme est soutenu. Michael Connelly ne tombe pas dans l’écueil des plaidoiries à rallonge. Les scènes se déroulant au tribunal ne sont jamais trop longues, tout s’enchaîne de manière fluide. Difficile de poser le livre entre deux chapitres.

Le lecteur croisera aussi au grès des pages l’inspecteur Bosch qui m’a semblé différent du héros des autres romans de l’auteur. Je n’ai pas retrouvé la personnalité de cet homme blessé par la vie, amateur de jazz, qui m’était si familière. Ce fut une petite déception…

J’attends donc avec impatience 9 Dragons qui devrait sortir dans les semaines qui viennent.

Les plus : Le rythme soutenu, l’absence de scènes regrettables (c’est rare de nos jours)
Les moins : Quelques facilités dans le scénario

Ma note : 3,5/5
A partir de 15 ans.

Le Verdict de Plomb
Michael Connelly
Editions du Seuil – Points
ISBN : 978-2757817629

dimanche 17 avril 2011

Légendes de la Garde – Hiver 1152 - David Petersen – Atypique et magnifique

Deux tomes de cette superbe série sont déjà parus : Automne 1152 et Hiver 1152.  L’histoire relate les péripéties des souris de la Garde, communauté chargé de protéger les différentes cités de leur royaume caché contre les nombreux prédateurs mais aussi contre les traitres dont l’ambition pourrait détruire le fragile équilibre qui règne au sein de ce peuple qui sait se rendre discret au yeux de tous.

Cette série est unique en son genre : unique par le scénario qui bien que relativement classique devient très original une fois transposé au monde des souris, unique par ses dessins si particuliers qui savent nous faire plonger dans ce royaume minuscule et suivre avec grand plaisir le périple de nos petits héros, unique aussi par son format d’édition qui tient d’avantage du « beau livre » que la bande dessinée. L’œuvre de David Petersen a ainsi l’écrin qu’elle mérite.

Vous découvrirez aussi entre les chapitre de petites perles de poésie relatant l’histoire de la Garde.

La mort est une arme puissante
Comme elle est une fuite facile
Les héros deviennent des légendes
Les légendes deviennent des mythes
Les mythes créent de nouveaux héros

Dernières paroles connues de la Hache Noire

Sombre et morne est le ciel d’hiver
Et les près verts se font sévères
Maigres réserves et nuits profondes
Figent du temps la triste ronde.
Vignes fanées ploient sous le givre
Est-ce pour nous la fin du vivre ?
« Ce n’est qu’une saison qui passe ;
Qui n’y est prêt, grand mal lui fasse »
Poême du scribe Roibin, hiver 1152.

N’allez pas croire cette série destinée aux enfants seulement, certaines scènes pourraient d’ailleurs impressionner les plus jeunes. De plus, l’enchaînement de certains dialogues n’est pas fluide et complique parfois la lecture et la compréhension du récit.

J’attends avec impatience les deux tomes suivant. Les saisons du printemps et de l’été permettant d'utiliser un jeu de couleurs chatoyantes, j’imagine que l’auteur saura les exploiter au mieux afin de publier deux petits chefs d’œuvre de la bande dessinée.

Les plus : La qualité du dessin, l’idée de ce monde médiéval imaginaire, deux livres superbes loin des formats habituels de la bande dessinée
Les moins : Des dialogues parfois difficiles à suivre, un jeu de couleur un peu sombre…qui devrait disparaître avec l’arrivée du printemps et de l’été

Ma note : 4,5/5
A partir de 10 ans

Légendes de la Garde : Hiver 1152 sur Amazon.com
Légendes de la Garde : Automne 1152 sur Amazon.com
Gallimard
ISBN : 978-2070616190 & 978-2070695737

mardi 12 avril 2011

L'Oeil du Tsar Rouge – Sam Eastland – En deçà des critiques

En librairie, ce roman attire l'oeil grâce à sa très belle couverture. Elle donne envie d'attraper le livre afin d'essayer de savoir si ce qui se cache à l'intérieur...

L'idée qui sert de trame à ce thriller historique est intéressante : aucune dépouille n'a été retrouvée suite au massacre de la famille impériale de Russie. Se pourrait-il qu'il y ait eu un survivant ? Où se trouve le trésor des Romanov ? Pour répondre à ces questions, Staline décide de sortir l'inspecteur Pekkala, surnommé l'Oeil du Tsar, du goulag. Il y avait été envoyé à l'arrivée des bolcheviques au pouvoir.

Malheureusement, une bonne idée ne fait pas obligatoirement un bon scénario. Sans être mauvais, le scénario est un peu léger et exploite mal toutes les possibilités offertes par l'idée de départ et le contexte historique qui en découle. Les événements s’enchaînent de manière linéaire et sans grande originalité ni surprise. C'est vraiment dommage.

Le personnage principal, Pekkala, est plus intéressant car on découvre à travers lui Nicolas II, le Tsar de Russie, qui est ici présenté sous un regard sans doute très proche de la réalité historique. Un homme droit, cherchant le bien de son peuple mais dépassé par les événements qui précipiteront la chute de son empire. La Russie d'aujourd'hui n'a pas retrouvé sa grandeur de l'époque...

Quelques mots enfin sur le style d'écriture de Sam Eastland (ou de son traducteur). Ce roman se lit très facilement mais la forme ne parvient pas à combler les lacunes du fond, du scénario.

En relisant les quelques lignes de cette chronique, je constateque je suis sans doute un peu sévère car j'ai passé un bon moment en compagnie du commissaire Pekkala. Je lis beaucoup de thriller et de roman policier. Comparé à d'autres ouvrages évoqués dans ce blog, L'Oeil du Tsar Rouge n'est pas dans le peloton de tête. Il n'en reste pas moins un bon livre qui présente le grand avantage de pouvoir être mis entre toutes les mains.

Alors, Monsieur Eastland, faites en sorte que le tome 2 des aventures de Pekkala satisfasse les attentes générées par ce premier volume. Le potentiel est vraiment là, exploitez-le !


Les plus : Un scénario très orignal et un héros sympathique. Le Tsar de Russie enfin présenté sous un angle réaliste, non caricatural. Un cadre historique rarement utilisé dans les romans. Un policier réellement « Tout public ».

Les moins : Le scénario est certes original, il n'en reste pas moins très léger. Un style relativement insipide.

Ma note : 3/5 pour les parents, sans doute 5/5 pour nos grands adolescents
A partir de 15 ans

L'oeil du tsar rouge sur Amazon.com
Sam Eastman
Editions Anne Carrière
ISBN : 978-2843375781

samedi 9 avril 2011

Surmatabledenuit.com arrive sur Twitter !

Je viens de créer un compte sur Twitter pour vous tenir informé de l'actualité de mon blog. Certains diront "il était temps" mais mieux vaut tard que jamais...

En voici l'adresse http://twitter.com/lisezles !

Abonnez-vous et faites-la connaître !

mercredi 9 mars 2011

Métacortex – Maurice G. Dantec – Apocalypse now...

Je vous avais parlé il y a quelques mois du dernier roman de Maurice G. Dantec, Métacortex, dont j'avais entamé la lecture. Comme j'ai une fâcheuse tendance à lire plusieurs livres à la fois, j'ai mis plus de temps que prévu à terminer les 800 pages de cet ouvrage.

Ce thriller très noir se déroule dans futur proche et apocalyptique. Deux policiers, Verlande et Voronine enquêtent sur une série de crimes pédophiles, d'attentats terroristes et d'assassinats dans un monde proche du chaos. En parallèle de leur descente aux enfers, nous suivons le parcours du père de Paul Verlance, incorporé dans la SS durant la seconde guerre mondiale. Tous ces récits finiront par se croiser dans un final de fin du monde.

Les commentaires que l'on trouve sur internet au sujet des romans de Maurice G. Dantec sont généralement binaires : d'un côté les fans inconditionnels qui louent le style percutant et le franc parlé de l'auteur, de l'autre ceux qui considèrent les écrits de Dantec absolument abscons et indigestes. Alors, quel est mon avis sur le sujet ? Il y a du vrai des deux côté.

Soyons clairs, certains courts passages de Métacortex sont incompréhensibles mais j'ai une théorie personnelle sur le sujet : le style de ces passages est volontairement incompréhensible et il ne faut pas s'y attarder. J'en veux pour preuve les chapitres qui se déroulent durant la deuxième guerre mondial. Le style est alors brillant, clair et efficace. Je pense donc que Maurice G. Dantec a intégré dans son récit des passages aussi apocalyptiques et complexes que le monde qu'ils décrivent. Il ne faut pas essayer des les comprendre, il font partie de ce monde qui s'effondre.

Pour en revenir au récit lui-même, le scénario est passionnant et ce futur proche dans lequel évoluent les personnages fait d'autant plus froid dans le dos qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'il n'est peut-être pas aussi éloigné que cela de la réalité de demain. Ils ne s'agit pas de science-fiction mais de l'accélération des dérives du monde d'aujourd'hui. C'est une des forces de ce roman.

Les chapitres se déroulant durant la deuxième guerre mondiale sont réellement passionnants. Ils auraient certainement pu faire l'objet d'un livre à part entière. Le père de Verlande connaîtra le front de l'est, le ghetto de Varsovie, la déroute de l'Allemagne, la chute de Berlin. Il connaîtra l'Europe en ruine et découvrira, comme son fils cinquante ans plus tard, qu'un processus de destruction s'était enclenché et que rien ne pourrait l'arrêter...

Vous l'aurez compris, ce récit est noir, très noir. Il n'est pas à mettre entre toutes les mains. C'est le récit d'un monde qui s'effondre, d'un monde qui s'autodétruit après avoir produit le pire...Verlande et Voronine qui luttent contre ce qu'il y a de pire dans le cœur de l'homme sont certes une lueur d'espoir, lueur bien faible qui éclaire la chute de leurs contemporains vers l'enfer.

Les plus : Une description de l'avenir loin du politiquement correct, un style unique, le double récit efficace qui alterne entre la deuxième guerre mondiale et ce futur proche apocalyptique dans lequel évoluent les héros...Cette désagréable impression que Maurice G. Dantec n'est peut-être pas si loin de ce que sera réellement notre avenir...

Les moins : le style quasi-incompréhensible (mais sans doute volontaire) de certains passages, trois pages insoutenables en fin de roman, cette brève scène X aussi osée que ridicule, certains passages un peu longs.

Ma note : 3/5
Pour les adultes seulement...

Métacortex
Maurice G. Dantec
Albin Michel
ISBN : 978-2226195692

mardi 8 mars 2011

Quelques notes de musiques...Duffy, Claude Le Jeune, Tchaikovsky et Mendelssohn.

Juste quelques mots pour vous parler de trois disques plus ou moins récents que j'ai acheté ces derniers mois. Tout d'abord Endlessly de Duffy. J'ai été déçu par ce dernier disque alors j'avais énormément apprécié le premier opus. On retrouve cette voix si caractéristique qui participe au charme de cette artiste mais la magie n'opère plus. Ensuite, les concertos pour violon de Taickovsky (Op. 35) et Mendelssohn (Op. 64), deux monuments de la musique classique dans une interprétation magistrale de Nathan Milstein et de l'Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction de Claudio Abbado. Ce disque a d'ailleurs été couronné d'un Diapason d'Or amplement mérité. Enfin, Dix Pseaumes de David de Claude Le Jeune (1564), une œuvre vocale qui élève l'âme...Qui s'en plaindra ?

Endlessly sur Amazon.com
Duffy
Ma note : 2/5

Mendelssohn / Tchaikovsky : Violinkonzerte sur Amazon.com
Nathan Milstein, Wiener Philharmoniker & Claudio Abbado
Ma note : 5/5

Dix Psaumes De David sur Amazon.com
Claude Le Jeune
Ludus Modalis & Bruno Boterf
Ma note : 5/5

dimanche 27 février 2011

L'Attrapeur de Libellule – Boris Akounine – Retour aux sources

Après deux romans en demi teinte (la Maîtresse de la mort et l'Amant de la mort) pour lesquels l'exercice de style semblait avoir pris le pas sur le récit, voici les nouvelles aventures d'Eraste Fandorine, le héros emblématique de Boris Akounine. Disons-le tout de suite, j'ai retrouvé dans l'Attrapeur de Libellule ce qui fait le charme cette série de romans policiers : des personnages attachants, des intrigue originales « à l'ancienne » et un contexte historique intéressant.

Ce livre contient deux récits qui se déroulent à plusieurs années d’intervalle, la deuxième permettant de comprendre le dénouement de la première. Ceux qui suivent les aventures d'Eraste et de son fidèle Massa depuis plusieurs années découvriront avec plaisir l'explication de plusieurs traits caractéristiques de leur héros préféré. La plus grande partie du roman se déroule au Japon au début du dix neuvième siècle et cela participe grandement au charme. On y découvre un Japon qui s'ouvre au monde occidental et un contexte culturel et géopolitique qui laissera des traces indélébiles dans le cœur d'Eraste Fandorine.

Ce retour aux sources est-il pour autant un sans faute de la part de Boris Akounine ? Presque...J'ai en effet trouvé que le rythme était parfois un peu lent et et que les passages romantiques ne sonnaient pas toujours très juste. Boris Akounine est plus doué pour les romans policiers que pour les histoires d'amour...

Il n'en demeure pas moins que l'Attrapeur de Libellule est un très bon cru que j'ai lu avec grand plaisir. Il n'atteint pas le niveau d'Azazel ou Leviathan mais il permet de découvrir des facettes cachées d'Eraste Fandorine et on attend avec impatience les volumes suivants de ses aventures !

Les plus : Une intrigue classique dans un contexte exotique et original. Des explications que les amateurs des aventures d'Eraste Fandorine attendaient...
Les moins : Une facette romantique qui bien que traitée avec une très grande discrétion n'en réserve pas moins ce tome aux plus grands.

Ma note : 4/5
A partir de 16 ans

L'Attrapeur de Libellules
Boris Akounine
Presses de la Cité
ISBN : 978-2742793204

dimanche 6 février 2011

Où j'ai laissé mon âme – Jérôme Ferrari – Dommage...

Où j'ai laissé mon âme, un très beau titre pour un livre qui n'est malheureusement pas à la hauteur du sujet abordé : la torture durant la guerre d'Algérie. Le récit de Jérôme Ferrari aborde ce thème au travers de la confrontation à distance de deux officiers français qui se sont connus durant la guerre d'Indochine et qui se trouvent confrontés à la torture dans la cadre de la lutte contre les attentats aveugles du FLN. Le lieutenant André Degorce l'utilise mais cela le brise et le détruit car c'est une situation qu'il subit, n'ayant pas la force de la refuser. Cette dualité intérieure le poussera même à un dialogue « soumis » avec Tahar, le commandant de l'ALN qu'il vient d'arrêter. Horace Andreani, quant à lui, n'a pas de cas de conscience : pour lui, la lutte contre le terrorisme justifie la torture car une course contre la montre est engagée.

Le récit, malgré quelques beaux passages, tombe dans la caricature. André Degorce est un catholique qui n'a pas la force de ses idées dont la relation ambiguë avec Tahar n'est malheureusement pas expliquée. Pourquoi se sent-il attiré par cet homme responsable de tant de morts ? Pourquoi tient-il tellement à nouer une relation aussi déséquilibré qui frôle souvent la soumission ? Cette aspect des choses n'est absolument pas abordé par l'auteur et cela ôte une grande partie de l'intérêt du roman. L'attitude de l'officier n'est pas crédible, voir incompréhensible. C'est bien dommage car une véritable confrontation entre les deux hommes aurait pu donner une autre dimension au récit. Quant à Andréani, la violence du personnage empêche toute analyse en profondeur du personnage.

Le plus regrettable est que le récit, présenté comme la confrontation entre deux hommes au sujet de la torture en temps de guerre, est d'une totale subjectivité. Les deux officiers subissent les mêmes situations et leurs actes sont les mêmes. Seules leurs pensées diffèrent... Aucun des deux n'a finalement la grandeur d'âme que l'on espérait...Ils sont faussement différents. L'attitude et l'honneur de l'immense majorité des officiers et soldats français ayant servi la France en Algérie est totalement occultée. Bizarrement, la torture, le terrorisme et les massacres perpétrés par le FLN, bien qu'évoqués ne sont jamais condamnés. Ils sont occultés par le regard bienveillant de Tahar, vieux sage de l'ALN attirant à lui sans raison le capitaine Degorce.

J'attendais beaucoup de ce livre, j'ai été déçu...J'ai vraiment eu le sentiment d'une occasion gâchée. Ce qui aurait pu être un exceptionnel récit restera malheureusement un roman au goût d'inachevé. Pourquoi Jérôme Ferrari n'est-il pas allé au bout de sa démarche ?

Les plus : Un thème difficile et courageux...
Les moins : Gâché par une trop grande partialité...A quand la fin du « historiquement correct » ?

Ma note : 2/5
A partir de 18 ans

Où j'ai laissé mon âme
Jérôme Ferrari
Actes Sud
ISBN : 978-2742793204

dimanche 16 janvier 2011

Giovanni Mirabassi Trio – Live @ The Blue Note, Tokyo – Équilibre parfait !

Pour un amateur de jazz « non éclairé » comme moi, Internet permet de découvrir de nouveaux artistes au gré des commentaires publiés sur différentes sites consacrés à ce style de musique. Le jazz a en effet la particularité de cacher un grand nombre de pépites musicales qui n'attente qu'à être écoutées !

J'ai vraiment été conquis par le dernier album de Giovanni Mirabassi qui est ici accompagné du contrebassiste Gianluca Renzi et du batteur Leon Parker (une référence dans son milieu). A l'écoute des neufs morceaux, j'ai été marqué par l'équilibre parfait entre les trois instruments. Jamais l'un de semble vouloir étouffer les autres et dans bien des cas, l'un ne pourrait se passer des deux autres. Certains morceaux de jazz laisse parfois l'impression que tout se mélange dans un son commun, ce n'est ici jamais le cas. L'auditeur peut écouter le disque trois fois, avec une écoute à chaque fois différente, une par instrument...It's us est à ce titre exemplaire ! My broken heart est une autre pépite de ce magnifique album que je vous recommande.

Enfin, le fait que ce disque ait été enregistré en live ajoute une touche de charme indéniable. Autant je n'apprécie pas les albums live pour la musique folk/pop/rock, autant c'est un vrai plus pour le jazz lorsque la prise de son est bonne comme c'est ici le cas.

Alors, si vous cherchiez à album de jazz à passer en boucle les soirs d'hiver, n'hésitez plus...

Ma note : 5/5
Label : Discograph
ASIN : B00455QBZY